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Politique, Haute-Garonne Ces maires qui ont perdu leurs illusions


Les maires nouvellement élus sont plus nombreux que les anciens édiles à ne pas vouloir se représenter : ils sont 56 % selon le CEVIPOF. / DDM

Près d'un maire sur deux ne souhaite pas se représenter l'an prochain. Leur fonction est de plus en plus contraignante, notamment dans les communes rurales.

Y aura-t-il encore des candidats aux élections municipales l'an prochain ?

La question est volontairement provocatrice, mais n'en demeure pas moins pertinente. Selon une récente enquête du Centre de recherches politiques de Sciences Po pour l'Association des maires de France (AMF), un maire sur deux envisage de raccrocher l'écharpe en 2020.

Pour les communes de moins de 500 habitants, c'est même 60 % des édiles qui ne souhaitent pas se représenter.

Les raisons de ce désamour sont nombreuses. Outre des dotations en baisse, la fusion des Communautés de communes a changé les règles du jeu. «On a supprimé des compétences et des moyens de fonctionnement, mais en donnant de plus en plus de responsabilités aux maires, en particulier dans les communes rurales», résume René Savelli, président de l'Association des maires ruraux.

Lui-même ne se représentera pas : «J'ai donné, je laisse la place aux jeunes», explique-t-il. «L'âge moyen des maires en France est de 62 ans. C'est une fonction qui demande beaucoup de disponibilités et qui est peu rémunérée», confirme Martial Foucault, l'un des chercheurs qui a travaillé sur l'enquête. Hormis ce manque de moyens et ces responsabilités supplémentaires, la première raison invoquée par les maires qui ne souhaitent pas se représenter est l'incompatibilité entre la vie personnelle et le mandat de maire. «Je souhaite désormais profiter de la vie et de mon épouse négligée pendant cinq ans», affirme par exemple Alain Frisoni, l'ancien maire de Saint-Béat.

Si sa vie personnelle passe désormais au premier plan, L'ex édile, qui a démissionné en janvier, évoque aussi les difficultés «classiques» de la fonction : «Nous n'avons pas de financements, nous perdons nos compétences, et le maire n'existe plus : il est là pour faire du social.»

Tous les maires interrogés l'affirment : le désintérêt pour la vie de la cité est grandissant parmi la population. «Un élu n'est rien sans le collectif, or, nous avons des difficultés à renouveler les conseillers municipaux. De moins en moins de gens veulent s'engager», confirme Olivier Guerra, maire de Gardouch depuis 2014. «Nous avons moins de moyens, mais plus de demandes. Au bout d'un moment, c'est lassant. Il est très difficile de trouver des gens qui comprennent que l'intérêt individuel ne prime pas sur l'intérêt collectif», ajoute Joël Gros, ancien maire de Cierp-Gaud et président de la Communauté de communes du canton de Saint-Béat. L'ex-édile a démissionné pour des mésententes au sein de son équipe, mais il assure que quoi qu'il en soit, il ne se serait pas représenté. «Nous n'avons pas de données, mais les maires sont nombreux à m'avoir fait part d'un absentéisme de la part de leurs équipes. Les pressions foncières et économiques poussent les populations urbaines à s'installer dans des petites communes, mais ils gardent leurs repères de citadins. Les maires sont parfois désabusés de constater que les gens les plus exigeants sont souvent ceux qui s'investissent le moins dans la vie de la cité. Ce rapport de consommation de la fonction de maire déçoit beaucoup d'élus.»

Le chercheur précise toutefois que d'ici 2020, les choses auront sans doute changé. «Beaucoup d'acteurs vont intervenir pour pousser les maires à s'engager dans un nouveau mandat. Nous avons fait l'enquête à un moment de rupture, le grand débat aura peut-être changé les choses. Nous ferons une nouvelle enquête en octobre.»

Des démissions depuis 2014

Depuis les dernières élections municipales de 2014, plus d'un millier de maires ont démissionné de leurs fonctions en France. Des départs volontaires mais aussi des démissions suite au cumul des mandats ou à la création de nouvelles communautés de communes. C'est 90 % de plus que sur la même période du mandat précédent. Une écrasante majorité des élus qui ont démissionné étaient à la tête de communes de moins de 2000 habitants.

Le chiffre : 588 maires> Dans les villes et villages que compte la Haute-Garonne. Au niveau national, un maire sur deux envisage de raccrocher l'écharpe en 2020. Pour les communes de moins de 500 habitants, c'est même 60 % des édiles qui ne souhaitent pas se représenter.

«Je souhaite désormais profiter de la vie et de mon épouse négligée pendant 5ans. » Alain Frisoni, ancien maire de Saint-Béat.

Julie Philippe


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