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Haute-Garonne - «Pour éviter l'érosion des sols, les agriculteurs mettent en œuvre toutes les te


Christian Mazas, président de la FDSEA 31 et Jean-Marc Moumin, Président des Entrepreneurs des Territoires de Haute-Garonne Ariège./Photo DDM, Thierry Bordas

A flanc de coteaux sur les hauteurs d'Aureville, une vaste exploitation agricole domine, entre ferme en ruines, bâtiments, hangars et engins agricoles de récente facture. Jean-Marc Moumin est ici chez lui. Le président des Entrepreneurs des Territoires de Haute-Garonne Ariège reçoit dans son bureau encombré de paperasses, près du poêle à bois, Christian Mazas, président de la FDSEA31 (Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de Haute-Garonne). Les deux hommes en tenue de travail se sont donné rendez-vous pour une mise au point. Il s'agit d'évoquer ce jour-là les pratiques agricoles et l'érosion des sols.

Deux orages exceptionnels en juin et juillet dernier dans le Lauragais et le Comminges ont donné lieu à des coulées de boues spectaculaires. Est-ce la faute aux agriculteurs ?

C.Mazas : En aucun cas, nous ne sommes responsables. Il y a une explication technique. On nous reproche de ne pas travailler les parcelles qui sont en pente dans le bon sens ce qui permettrait d'éviter des coulées de boue. Il faudrait les travailler en travers des coteaux, perpendiculairement à la pente, surtout pour les labours. Il y a plus de 30 ans que l'on a mis en place des techniques simplifiées. On est dans un travail de pédagogie. Pour l'érosion, on sait faire. Les instituts techniques ont démontré qu'en faisant un labour en travers de pente on pouvait limiter l'érosion. Aujourd'hui c'est en développement. On pratique cette technique mais dans un travail de montée et descente dans les coteaux on ne peut pas toujours faire du labour de travers.

J-M. Moumin : Cela peut être même dangereux, avec un risque de renversement lorsqu'on est dans des pentes à 30 %. Ou alors il faut un matériel spécifique. Et cela à un coût. En ce qui concerne les entrepreneurs, ils ont du mal à répercuter le prix sur le matériel qui est très coûteux. Il faut savoir que l'on travaille pour des clients, pour des agriculteurs, on est des prestataires de service. Si nous donnons des conseils, ce n'est pas nous qui décidons des méthodes de travail.

Mais alors, comment éviter l'érosion des sols et ces coulées de boue ?

C.Mazas : Pour en revenir à ces orages, on est dans un phénomène exceptionnel que l'on n'a pas connu depuis des centaines d'années. On aura beau appliquer toutes les méthodes parfaites pour éviter l'érosion, les boues qui vont dans les fossés et sur les routes, il est impossible lors de ce genre d'épisode de faire quoique ce soit.

Le printemps, l'été, c'est aussi un facteur plus à risque ?

J-M Moumin : On est à un moment de l'année où tout est semé ou prêt à être semé. On est sur un sol préparé au semis. Il faut que la terre soit la plus fine possible. Dès qu'il pleut très fort, tout s'en va. Sur ces parcelles-là comme le cas de Gardouch, il n'est pas possible d'avoir un semis sous couvert car on est prêt à semer.

C‘est quoi un semis sous couvert ?

C.Mazas : Dans le département on n'est pas encore à des semis sous couvert. Les semis sous couvert consistent à semer une culture alors qu'une autre est déjà en place sur la parcelle. Il y a des agriculteurs qui testent cette méthode, souvent sous des couverts de fèves, mais on n'a pas encore prouvé l'efficacité d'un semis sous couvert sur des cultures de printemps. Quand il tombe 150millilitres en 12 heures, on n'a rien pour lutter contre ça. Hormis des bandes enherbées ou des haies qui pourraient maintenir cette terre dans les champs.

Certains vous reprochent d'arracher les haies pour gagner des m2 de terre…

C.Mazas : Lorsque les haies sont enlevées aujourd'hui, c'est dans le cadre d'un remembrement. Et si elles sont éventuellement arrachées, on a l'obligation de les replanter au mètre linéaire près.

On est dans un département de France où les agriculteurs ont replanté des haies il y a une vingtaine d'années, en partenariat avec le conseil départemental.

Quelle solution selon vous ?

C.Mazas : Si des haies doivent être plantées pour limiter l'érosion, il faudrait que chaque agriculteur concerné passe une convention avec le conseil départemental. La FDSEA 31 est prête à travailler avec le conseil départemental pour voir quelles solutions peuvent être envisagées pour éviter ce phénomène d'écoulement, dans la mesure où l'on est associé à la démarche pour pouvoir faire venir le plus d'agriculteurs possible aux réunions.

Nous sommes le relais des agriculteurs et on est prêt à s'associer pour amener une expertise, pour voir ce qu'on peut faire de mieux pour éviter l'érosion.

Comment se porte l'agriculture dans le département ?

J-M. Moumin : On perd de l'argent même en grande culture. L'élevage est en difficulté depuis dix ans, la partie céréalière depuis 4 ans. C'est principalement dû à un marché mondial qui s'écroule et une surtransposition des normes européennes qui va plus loin que dans les autres pays. C'est principalement cet aspect-là qui nous fait perdre de l'argent.

Contre toute attente, il y a quelques jours, les Jeunes Agriculteurs (JA) ont remporté les élections à la Chambre d'agriculture…

C.Mazas : On respecte la victoire des JA. Après, JA et FDSEA sont deux syndicats bien séparés. Jusqu'à présent, on a géré la Chambre ensemble. Nous serons là en tant qu'observateurs. Si la Chambre nous sollicite pour des travaux on sera présents pour amener nos idées. Au-delà de la Chambre d'agriculture, j'ai rencontré cette semaine Jonathan Izard, président des JA Haute-Garonne, et le dialogue continue pour discuter et voir quelles actions nous pouvons mettre en commun pour l'agriculture.

Propos recueillis par Valérie Sitnikow

5 000 exploitants agricoles en Haute-Garonne

L'organisation professionnelle «Les Entrepreneurs des territoires» regroupe les entrepreneurs des travaux agricoles, ruraux et forestiers, tous les prestataires de service du monde agricole. Sachant que la Haute-Garonne compte 5 000 exploitants agricoles et 300 entrepreneurs des territoires. Les entrepreneurs travaillent pour environ 1 500 exploitants agricoles en Haute-Garonne.


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