Pollution visuelle : cette pub qui n'a plus droit de cité
- La Dépêche du Midi
- 5 mars 2018
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De nombreuses mises en demeure ont obligé les commerçants à enlever leur pancartes/ Photo DDM, Michel Viala En 2010, la loi d'engagement national pour l'environnement a interdit les pré-enseignes hors agglomération. En Haute-Garonne, 80 mises en demeure ont été adressées ces deux dernières années, depuis que le mouvement s'est accéléré. Hôtels, restaurants, garages, artisanat local... le panneau que vous avez toujours vu au bord de la route, indiquant une publicité de proximité devrait bientôt disparaître du paysage. Depuis deux ans (13 juillet 2015) un nouvel arrêté ministériel fixe les nouvelles règles en matière de pré-enseignes dérogatoires. Les pré-enseignes sont effectivement interdites dans les communes situées hors agglomération. Le but affiché, lutter contre la pollution visuelle qu'ils représentent. En Haute-Garonne, l'agglomération toulousaine n'est pas directement concernée mais les villes périphériques situées au Nord à partir de Saint-Jory le sont, et celles situées au Sud à partir du Vernet, également. Sébastien Perroud, responsable de l'unité d'appui territorial au sein du service territorial de la DDT, explique : «Depuis 2015, nous avons adressé 80 mises en demeure, la plupart à Auterive, Cintegabelle, et Castelnau-d'Estrétefonds, le long des axes les plus empruntés, sur la D820 ou la D813.» Ces mises en demeure, adressées aux propriétaires des pré-enseignes, ont toutes été suivies d'effet. «L'efficacité est importante en raison de la gradation des sanctions, reprend Sébastien Perroud. Il y a 208,17 € d'amende par jour de retard dans l'enlèvement de la pré-enseigne. Ensuite, une amende administrative peut être dressée et nous pouvons saisir le parquet pour une condamnation pénale si à la suite de ces avertissements, les panneaux sont toujours présents.» Trois agents sont chargés de ces contrôles, qui ne sont toutefois par leur seule mission. Les communes qui se sont dotées d'un Règlement local de publicité (RLP) ne sont pas tenues de respecter cette loi, tout du moins jusqu'au 13 juillet 2020. A cette date, elles devront avoir révisé leur RLP, qui devra entrer en conformité avec la loi. À ce jour, 52 communes de Haute-Garonne se sont dotées d'un tel règlement. Sébastien Perroud reprend : «Dès lors que les communes se saisissent de la compétence publicité, elles peuvent délivrer des autorisations pour les pré-enseignes, instruisent les demandes et contrôlent l'application du RLP. Et dans tous les cas, des exceptions sont prévues. Les pré-enseignes signalant des activités culturelles, produits du terroir ou monuments historiques visitables sont autorisées. Il peut aussi y avoir des autorisations ponctuelles pour les foires, vide-greniers… » Sébastien Perroud reconnaît que l'accueil des propriétaires des publicités n'est pas toujours chaleureux : «Les propriétaires ne sont effectivement pas toujours satisfaits, car il y a un impact économique. Mais on essaie de leur faire comprendre que d'autres modes de publicité peuvent s'envisager. Le but est bien de préserver le paysage.» Sans compter qu'aujourd'hui, la publicité se fait de plus en plus virtuelle, et incontournable, avec internet. Gaëtane Rohr ---------------------------------------------------------------------------------------------------------- POUR DES RESTAURATEURS «S’AFFICHER C’EST EXISTER» Ça gronde du côté des restaurateurs. L’Union des métiers des industries et de l’hôtellerie (UMIH) vient de lancer sa campagne de communication « S’afficher c’est exister ». Avec celle-ci, le syndicat des professionnels de l’hôtellerie veut sensibiliser les élus locaux et l’opinion publique sur les conséquences du retrait des pré-enseignes pour les cafés, hôtels et restaurants situés en zone rurale. Le message est clair, l’UMIH souhaite que les pré-enseignes soient rétablies et appellent les parlementaires à se saisir du sujet pour revenir sur cette interdiction. Selon lui, les conséquences sont lourdes pour les établissements isolés. L’UMIH estime « une perte de chiffre d’affaires de l’ordre de -25 % pour ces établissements ». « Les enseignes font partie intégrante d’un commerce, explique Guy Pressenda, le président général de l’UMIH Midi-Pyrénées. D’autant plus que les pré-enseignes de ces petits commerces ne sont pas les plus tapageuses quand on compare aux supermarchés. » Mais ce type affichage n’appartient-il pas à un autre âge ? Le long de la RD820, au sud de Toulouse, entre Auterive et Cintegabelle, de nombreuses pré-enseignes ont été retirées. Pourtant, les restaurateurs du secteur ne notent pas de baisse de la fréquentation de leurs établissements. « Cela ne sert plus à rien aujourd’hui », affirme Claude Melet, de l’hôtel-restaurant le Delta à Auterive. Même son de cloche Chez Antoine, toujours à Auterive. « Ça fait toujours bien d’avoir des panneaux sur la route mais ça ne change pas grand-chose », assure Delphine Aillagon, la responsable. Ces restaurants fonctionnent principalement avec une clientèle locale et d’habitués, mais surtout les habitudes ont changé. S’afficher sur internet devient plus avantageux qu’au bord des routes ; les clients viennent grâce aux sites d’avis et à leur GPS. Guy Pressenda conçoit que « les pré-enseignes ne sont pas vitales pour un établissement mais entre le tout-enseignes et rien du tout, il faut trouver quelque chose. » Cette question sera d’ailleurs débattue lors du Congrès de la ruralité, à Rodez, en avril, avec les membres de l’association des maires de France. B. Abba
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